Nichée à 884m d’altitude sur la crête des sommets dominant le camping, St-Pancrace est une petite chapelle rurale accessible depuis les thermes. La randonnée est facile, le point de vue sublime et le parcours ponctué de quelques belles surprises.
Objectif familiale de ce 11 août : rejoindre la chapelle depuis le camping. La veille nous n’avons qu’une certitude, tôt le matin il fait froid et la température monte vite. Dès lors quelques préparatifs s’imposent : avoir de l’eau en quantité suffisante, de quoi grignoter en chemin et pouvoir se couvrir au départ du sentier.
Comme prévu le réveil est difficile et nous nous mettons en avec quelques minutes de retard, direction les thermes. Nous rejoignons le chemin par le portail à l’arrière du camping, le sentier suit le torrent des Eaux Chaudes et remonte vers les thermes.
En début de matinée la température clémente facilite notre progression en pente douce. Nous atteignons les thermes que nous dépassons de quelques centaines de mètres jusqu’au départ du sentier de randonnée. Direction la chapelle Saint Pancrace. À partir de cet instant nous attaquons sérieusement la montée. Le sentier est large et la vue sur le vallon des Eaux Chaudes se dégage progressivement.
Après quelques minutes de marche et après avoir refait le monde dix fois le sentier se sépare en deux, à droite le « château de la Reine Jeanne » et à gauche la « chapelle Saint Pancrace ». La curiosité est la plus forte, la chapelle nous attendra un peu, nous prenons la direction du château.
La pente est raide mais l’effort ne dure pas longtemps, les premières pierres témoignant de l’occupation ancienne des lieux se dégagent au milieu d’une nature qui a repris ses droits depuis longtemps.
Dépendant du comte de Provence le « château » est attribué à la reine Jeanne, soit vers la fin du 14e siècle. La tour de 10 m de côté avec des murs de 1,1 m d’épaisseur s’élevait sur au moins deux niveaux. La chapelle daterait de la première moitié du 19e siècle et serait construite sur les ruines du corps de logis médiéval. Elle fut reconstruite vers 1848 à l’initiative du Secours mutuel des agriculteurs de Digne et aménagée vers 1914.
Nous laissons passer une bonne heure à laisser vagabonder notre imagination au milieu des ruines du château avant de reprendre notre chemin vers la chapelle et notre parcours nous amène sur un site plutôt insolite : les terres noires. Le sol raviné par la pluie est composé d’une pierre noire, la marne mélange de calcite et d’argile datant du jurassique. Ce paysage lunaire et chaud devient vite un espace de jeux et on se surprend à observer, avec une certaine admiration et un grand intérêt, les rares plantes qui y poussent.
Sur le chemin qui nous mène à présent vers la chapelle nous prenons le temps de lire les panneaux d’informations qui jalonnent le parcours. L’occasion à chaque fois de se désaltérer et de profiter du calme et du paysage avant qu’il ne fasse trop chaud.
Au détour d’un virage, nous découvrons une étrange bâtisse abritant un cairn. Il s’agit là d’une œuvre d’art contemporaine conçu par l’artiste britannique Andy Goldworthly. Elle rappelle au présent que le sentier, dans un passé rural qui s’estompe, était un axe de circulation important.
À présent, la chapelle n’est plus très loin mais il n’est pas désagréable de trainer un peu en chemin. C’est en sortant d’un sous-bois, je peux vous assurer qu’en fin de matinée l’ombre s’apprécie à sa juste valeur, que la chapelle se dévoile perchée à 884 m d’altitude au-dessus de Digne. Bien qu’un lieu de culte soit attesté au XIIe siècle, nous ne savons pas de quand date la construction de l’église actuelle, elle est citée en 1654 à propos d’un agrandissement ayant eu lieu après la peste de 1629. Lieu d’un pèlerinage dès 1662 qui disparaitre progressivement entre 1950 et 2000.
De là-haut la vue est exceptionnelle sur les Alpes de Haute-Provence. À tel point que nous y sommes retournés quelques jours plus tard pour assister au lever du soleil depuis le sommet. Le tour de la chapelle est vite fait, on se pose, on traine, on profite de l’instant quand en contre-bas le camping invite les randonneurs à rentrer et à profiter de la piscine. Il n’y a plus beaucoup d’eau, le temps est venu de rentrer, mais cela est une autre histoire.